Les avatars de l’humain

Les avatars de l'humain - Louis Côté

Nombreux sont celles et ceux qui sont portés à expliquer tant les comportements individuels que les pratiques sociales par une nature humaine qu’ils jugent immuable. Cette propension à attribuer aux humains un ensemble invariable de traits, de motivations, de désirs, d’attitudes et de passions entrave la juste compréhension du passé. Elle gêne en outre l’anticipation d’un avenir qui soit autre que la simple reconduction du présent. Pour devenir plus clairvoyant dans nos interprétations et plus inventif dans nos projections, il nous faut donc adopter un autre point de vue. C’est dans le but de faciliter un tel changement de perspective que cet essai propose une revue des principaux types d’actualisation que l’humanité a connus jusqu’à ce jour.

La voie à adopter pour procéder à une telle revue ne va pas de soi. Même si chaque individu ayant existé a été en quelque sorte une incarnation singulière de l’être humain, on ne saurait évidemment scruter la multitude en cause. Et bien que les individus soient façonnés par leur culture, ce qui limite passablement leur variabilité, une étude exhaustive des cultures est elle aussi impossible. Non seulement les cultures ont été innombrables, mais la plupart sont disparues sans laisser de traces. Cependant, par le fait que les cultures se développent sur la base des conditions matérielles et sociales existantes, elles présentent d’incontestables ressemblances selon les périodes où elles se sont constituées. Suivant cette perspective, l’auteur distingue quatre époques ou univers sociohistoriques dans lesquels l’humanité a vécu jusqu’ici. Il compare ces univers en ce qui concerne la conception du monde et les valeurs qu’on y trouve, ainsi que le genre d’individus qui y sont modelés.

Ces différents aspects sont abordés en trois temps, selon qu’ils touchent le rapport au monde, le rapport à autrui ou le rapport à soi. Le rapport au monde, à savoir la conception que l’on se fait du monde qui nous entoure et le sens qu’on lui attribue, ainsi que l’expérience que l’on en fait et la façon dont on tente d’agir sur lui. Le rapport à autrui, soit les types d’attitudes adoptées à l’endroit de toutes les personnes autres que soi-même, qu’elles apparaissent comme des proches ou des étrangers. Le rapport à soi, c’est-à-dire le mode d’être de l’individu, son degré d’autonomie et la nature de ses aspirations. Bien sûr, la tentative de cerner les formes majeures que ces rapports ont historiquement empruntées ne vient en rien nier les modulations que les diverses cultures et civilisations leur ont apportées.

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