Des exceptionnalismes outranciers

Ayant survécu à leur internement, cinq anciens codétenus du camp de Buchenwald entretiennent une correspondance pendant plus de quarante ans. Ils poursuivent la conversation engagée au camp concernant les causes et les motifs de la violence extrême que des humains peuvent exercer sur d’autres humains. Mais chacun y contribue en se référant aux situations particulières dans lesquelles il se trouve engagé, que ce soit en Allemagne, au Japon, en Russie, en Indochine, en Algérie, aux États-Unis, au Rwanda ou en Palestine.

Leurs échanges sur l’histoire des univers totalitaires, colonialistes, esclavagistes et génocidaires leur feront comprendre que toute conviction d’un peuple en sa supériorité ou son exceptionnalisme, fondée sur ses particularismes historiques, culturels, religieux ou ethniques, peut être instrumentalisée et mener aux pires excès, à l’instar de toute idéologie.

De 2020 à 2024, des héritiers de la bande des cinq poursuivent à leur façon les réflexions menées par leurs aînés. Aussi, les quinze narrations qui se suivent et se répondent apportent-elles un regard décalé sur les tragédies qui se sont produites au siècle dernier aussi bien que sur celles qui touchent présentement l’Ukraine, Haïti et la Palestine.